Père Vial

La Province de France recommande à nos prières fraternelles notre cher frère, Bernard VIAL, prêtre, de la communauté marianiste de La Madeleine, Bordeaux, France, décédé au service de la Très Sainte Vierge le 13 juillet  2022 à Pessac, France, à 97 ans, dont 80 ans de profession religieuse.

Bernard a vu le jour dans une famille d’agriculteurs le 8 février 1925, au Val d’Ajol, dans le département des Vosges, et a été baptisé le 14 du même mois.

Après ses débuts à l’école marianiste du Val d’Ajol, âgé de 12 ans, il quitte sa famille pour poursuivre ses études au postulat de La Tour de Sçay dans le Doubs.

Alors que la France est en partie occupée par les Allemands, le jeune homme est décidé à suivre l’appel du Seigneur. Le noviciat, qui avait quitté la Belgique puis la Bretagne, s’ouvre à Antony près de Paris. Il s’y engage le 2 novembre 1940 et y émet ses premiers vœux le 21 novembre 1941. Il n’a que 16 ans mais déjà une grande maturité, tout comme ses compagnons, ce qu’il a souligné bien des fois.

En cette période difficile, il est envoyé poursuivre ses études à Belfort comme scolastique et prépare le baccalauréat qu’il obtient en 1943-1944 ; puis il retrouve La Tour de Sçay où il fait ses premières armes comme professeur et surveillant, tout en étant étudiant. Il poursuit l’itinéraire commencé en donnant toute sa vie à Dieu le 28 août 1947 à Besançon. Il n’a pas encore terminé sa licence en lettres classiques et reste dans la région : Courtefontaine (1947-1949), Gy (1949-1950), Saint-Jean de Besançon (1950-1951) et la Villa Saint-Jean à Fribourg (Suisse). Le professeur et l’éducateur se sont affermis en lui, et on lui confie la mission de préfet des études à Sainte-Marie de Belfort (1952-1954).

Bernard ne se limite pas à la formation de l’intelligence, il a aussi le souci des âmes. Ses supérieurs l’envoient se former au séminaire marianiste international de Fribourg (1954-1958) où il est ordonné prêtre le 14 juillet 1957 par Mgr Charrière, et obtient la licence canonique en théologie.

Prêtre-éducateur et meneur d’homme, voilà sa vocation. Le père Vial s’attèle à la tâche à Saint-André de Colmar : professeur et censeur pour trois courtes années avant d’entamer sa carrière de chef d’établissement à Sainte-Marie de Belfort de 1961 à 1967. Ce fin lettré est ensuite nommé à la direction du Collège Saint-Étienne de Strasbourg. « Pendant ses deux années de présence, il a su faire passer sans encombre l’établissement à travers les turbulences de mai 1968 et lui donner un nouvel élan. » « Les élèves qui l’ont connu, les anciens professeurs et collaborateurs qui ont profité de son court passage à Strasbourg, ne peuvent oublier cet homme remarquable, aux exceptionnelles qualités humaines et d’une grande efficacité. »

Après une transition d’une année à Sainte-Marie Grand-Lebrun à Bordeaux comme censeur du collège et professeur, il prend la direction de la jeune institution Sainte-Marie d’Antony (1970-1974).

Bernard Vial n’est pas seulement le directeur, c’est un homme de foi, un homme enraciné dans la spiritualité et l’éducation marianiste. Reconnu comme tel, il rejoint l’administration provinciale comme assistant pour la vie religieuse et la mission apostolique de 1974 à 1979. Il a été « prêtre-conseiller » de l’Alliance Mariale pendant de nombreuses années.

Après cette période, il reprend sa carrière de chef d’établissement à Sainte-Marie Grand-Lebrun, jusqu’à sa retraite professionnelle en 1992.

À Antony, où il a été nommé dans la communauté Saint-Jean voisine du collège, le père Vial est nommé accompagnateur spirituel national des Fraternités marianistes. Homme de contact, il entretient une correspondance importante et continue à créer du lien. Il est sollicité pour des articles et pour des conférences. Mais une charge imprévue l’attend. Le père Délas étant décédé en mai 1999, il accepte de faire l’intérim pendant un an comme directeur de Sainte-Marie d’Antony, même si cette acceptation lui pèse.

À Saint-Hippolyte, en Alsace, de 2001 à 2003, il assiste le maître des novices puis rejoint la communauté de la Madeleine à Bordeaux.

L’année 2010-2011, il se propose pour dépanner le scolasticat d’Abidjan qui manque de prêtre. Malheureusement, il arrive en Côte d’Ivoire en pleine crise post-électorale, le scolasticat étant proche du quartier où se déroulent les événements. Il rentre en France très fatigué de ce séjour mais Bernard est un battant, et il retrouve Bordeaux et ses divers engagements, en particulier l’aumônerie de l’hôpital psychiatrique Charles Perrens, jusqu’à l’été 2020 où, victime d’un accident vasculaire cérébral, il devient hémiplégique. Il lutte contre la maladie et se déplace avec son fauteuil roulant motorisé, mais il ne peut plus utiliser les moyens de communication, il lit avec difficulté et n’arrive pas à décrocher son téléphone : c’est une épreuve lourde à porter pour celui qui a été actif jusqu’au bout, qui s’intéressait et s’instruisait de tout. Dépouillé de tout, mais bien conscient, il continuait de s’informer de tâches importantes qu’il n’avait pas pu achever. C’était aussi un homme pratique pour qui l’administration n’avait pas de secret. À la fin, il ne lui restera plus que le chapelet, attendant de faire le grand passage.

Bernard Vial avait un caractère entier, à l’image de la rudesse du climat vosgien, avec des jours fastes et d’autres tempétueux. C’était aussi un homme de grande écoute, qui a accompagné un nombre impressionnant de personnes et qui était apprécié comme confesseur. Sa façon de célébrer et ses homélies touchaient les cœurs et révélaient l’homme intérieur et sensible.

Le père Vial est intervenu de nombreuses fois dans le réseau scolaire marianiste et était un homme ressource de grande qualité. Il a participé à plusieurs chapitres généraux, et a rendu de nombreux services à l’administration générale. 

Nous rendons grâce au Seigneur pour tout ce qu’il a semé afin que croisse le royaume, en se dépensant sans compter.  Qu’il repose en paix.

Père Geysse

  La Province de France recommande à nos prières fraternelles notre cher frère Roger GEYSSE, prêtre, qui résidait à la Maison de retraite Saint Amans de Rodez, France, décédé au service de la Sainte Vierge Marie le 28  juin 2022 à Rodez, France, à l’âge de 99 ans dont 81 ans de profession religieuse.

Roger est né aux pieds des monts de Lacaune, à l’extrême sud-est de l’Aveyron, dans la commune de Mélagues, le 6 janvier 1923.

Le pensionnat marianiste Saint-Thomas de Brusque (Sainte-Marie avant 1903) qui venait de rouvrir ses portes, accueille le jeune Roger. Malheureusement, faute de personnel, il fallut fermer l’établissement en 1934. Qu’à cela ne tienne, le jeune garçon avait été touché par l’éducation reçue de M. Roques et un an plus tard, il entrait au postulat de Montauban.

Sa vocation grandissait et le méridional, malgré les bruits de guerre et la peur qui commençait à le saisir en passant à Paris, quittait les siens pour le noviciat situé dans le Luxembourg-Belge à Saint-Remy-Signeulx. Il y fait ses promesses de novice le 11 septembre 1939. La proximité des frontières du Luxembourg et de l’Allemagne rendait la situation dangereuse et obligeait le noviciat à se transporter à Rèves (Belgique) en février 1940. Le 10 mai 1940, la guerre éclate avec les premiers bombardements dans la région. Le 15 mai, la décision est prise : il faut partir. Commence alors une épopée où scolastiques et novices échappent miraculeusement à la mort alors qu’un avion allemand avait bombardé et mitraillé le train de charbon qui les transportait (aucun blessé). Quelques jours plus tard, les novices arrivaient sains et saufs à Paris, rue de Monceau, avant de repartir vers la Bretagne où le noviciat allait s’installer pour quelques mois à Saint-Thégonnec. C’est là que Roger émet ses premiers vœux le 12 septembre 1940.

Alors que les jeunes religieux suisses de ce groupe rejoignent leur pays, les autres se dirigent vers La Rochelle afin de poursuivre leurs études et préparer le baccalauréat. Roger Geysse l’obtient à Poitiers en 1943. C’est alors qu’il effectue son premier séjour à Sainte-Marie Grand-Lebrun : « Jeune réfractaire au S.T.O. (Service de Travail Obligatoire), j’y ai continué mes études et fais ainsi partie de la Promo 1944. J’étais à Grand-Lebrun lors du terrible accident de guerre où un obus de D.C.A. allemand éclata dans le dortoir. Je fis même partie des religieux qui eurent le douloureux devoir de faire la toilette mortuaire de Pierre et Jacques, tandis que le père Raoult accompagnait à l’hôpital François qui devait succomber à ses blessures deux jours plus tard. »

Mobilisé en 1945-1946, il est envoyé en Allemagne dans les troupes d’occupation avant de rejoindre, comme enseignant, l’école Saint-Pierre de Réalmont. C’est alors qu’il prononce ses vœux définitifs à Réquista, le 3 août 1947. L’année suivante, il commence sa formation au séminaire international marianiste à Fribourg en Suisse et est ordonné prêtre dans cette ville par Mgr Charrière le 20 juillet 1952.

Le jeune prêtre est envoyé au postulat Chaminade, nouvellement installé à Fiac près de Toulouse, comme professeur et aumônier.

Quinze ans se sont écoulés (1953-1968) lorsqu’il reçoit une nouvelle mission et retrouve Grand-Lebrun : « Quand je vins rencontrer le P. Cazelles, directeur, pour savoir quel serait mon travail, celui-ci avec  son parler direct me dit : – Des professeurs, j’en ai en pagaille. Il me faut un aumônier pour mettre en route les nouveaux catéchismes. Tu es encore recyclable ! À toi de suivre des sessions, à commencer par la catéchèse des 8° et 7° et l’an prochain tu continueras en 6°. J’obtempérais en lui disant : – Je suis religieux et prêtre, je vais m’y mettre. »

« Déjà en 1970, il y avait des parents catéchistes qui commençaient, surtout avec les sœurs du Cénacle. Le P. Richard (directeur diocésain de l’enseignement religieux, Assomptionniste) m’engagea fortement à constituer un groupe à Grand-Lebrun. Devant ma réticence à m’engager, il me dit : – Regarde partout et chez vous aussi, dans quelques années les prêtres et les religieux ne seront plus assez nombreux, alors dès maintenant mettez en route des catéchistes. »

Préparations au baptême, premières communions,  professions de foi, confirmations, Mouvement Eucharistique des Jeunes, les scouts, les camps cyclistes… Le père Geysse était bien occupé mais il avait su s’entourer de nombreuses personnes pour travailler avec lui, en les formant et les responsabilisant. Il s’informait avec soin des différents parcours catéchétiques proposés et reconnus par l’Église pour s’adapter aux changements.

Lors de la profession de foi, les jeunes formaient la croix lumineuse qui a marqué beaucoup d’entre eux : « Elle rappelle le mystère pascal de Jésus mort et ressuscité pour nous. Chrétiens, qui confessons notre foi, nous avons à garder la lampe de notre baptême allumée. La flamme prise au cierge pascal par des parents, est transmise aux cierges des jeunes et les parents s’effacent. Les jeunes se prennent en charge pour réaliser cette croix lumineuse et faire leur profession de foi. » Une veillée mariale leur permettait de placer leur vie sous le regard de Marie en recevant une rose blanche qui en était le symbole.

En 2007, après 39 ans de présence à Grand-Lebrun, le père Geysse participe à la fondation de la communauté du sanctuaire de Verdelais comme chapelain. Peu à peu sa santé décline, même s’il garde toute sa tête. C’est ainsi qu’en 2013 il rejoint la Maison diocésaine de Saint-Amans à Rodez, où il retrouve des prêtres qu’il a connu par le passé. Il continue à se former et à se tenir au courant de la vie du monde au rythme de l’Église, en particulier grâce à la chaine KTO (télévision catholique) avec le chapelet retransmis en direct de Lourdes.

Le père Geysse était un homme de prière, profondément enraciné dans la foi. En vrai fils du P. Chaminade, il a semé. Bon serviteur, qu’il soit maintenant accueilli par son Seigneur et sa Mère auxquels il était tout donné.

JAMES MAXWELL (1900-1964)

Né à Bordeaux avec le siècle, mon père James Maxwell fut à mon sens un homme d’exception.

Ainé de cinq, il eut une enfance heureuse, dans une famille très unie partageant sa vie entre Grand Lebrun pendant l’année scolaire et Saint Jean de Luz et le Pape Clément, où il se maria pendant les grandes vacances du barreau, dont mon grand-père, ancien élève du Mirail, était le Bâtonnier.

Doté d’une grande ouverture d’esprit, qu’il devait peut-être à ses origines irlandaises d’une part et basco-argentine de l’autre ; il avait été très marqué par son éducation, d’abord chez les Marianistes à Grand Lebrun puis à Fénelon.

Son trait de caractère le plus marquant était sans doute sa grande probité ; Il était aussi d’une grande modestie et d’un naturel très réservé. Peut-être est-ce la raison pour laquelle après son doctorat de droit, il refusa, au grand dam de mon grand-père de devenir avocat.

Il fut président des assureurs maritimes et les compagnies britanniques qu’il représentait ayant leur siège à Londres et à Liverpool lui permirent de faire des incursions en Grande Bretagne et en Irlande et de toujours maintenir des liens étroits, encore très vivants aujourd’hui avec notre famille anglo-saxonne.

Il se passionna pour la mer et le monde maritime et me transmit cette passion à l’origine de ma carrière de marin.

En fils admiratif que je suis, je crois pouvoir dire qu’il « savait tout faire » : excellent pianiste, bon golfeur et skieur, coup de crayon de talent, il entretenait avec la famille irlandaise une correspondance dans la langue de Shakespeare dont la qualité faisait leur admiration.

Engagé volontaire en 1918, il fut très vite démobilisé et fut versé dans la Territoriale en 1939.

Mon père fut pour ses enfants, mes deux frères Patrick et Nicolas et ma sœur Maureen épouse Bardinet, professeur d’anglais à Grand Lebrun, un père attentif et un éducateur exceptionnel. Il était ce que l’on appelle un chrétien engagé : président des AFC, militant ACI, pilier de la Conférence de saint Vincent de Paul.

A la présidence des anciens élèves de Grand-Lebrun, il travailla beaucoup avec le Professeur Aubertin qu’il appréciait beaucoup et qui lui succéda. Quoique absent à cette époque, je me souviens de sa satisfaction d’avoir convaincu Raymond Aron de venir faire une conférence à grand Lebrun. L’Abbé Cazelles, mon professeur de Philo était alors directeur et lui apporta toujours sonsoutien indéfectible.

Je crois pouvoir affirmer aujourd’hui que James Maxwell incarnait les valeurs du Père Chaminade et que ses contemporains appréciaient son intelligence et sa bonté. Il mourut trop tôt à l’âge de 64 ans

​​​​​​​​​David Maxwell