LE TERREAU Grand Lebrun, plus qu’une école, c’est un esprit. Un esprit qui marque les élèves qui y passent leur scolarité, pour certains une partie seulement. En ce qui me concerne, la marque SMGL est inscrite dans le marbre depuis plusieurs générations. Mon grand-père Jacques de Boucaud, mes oncles Alain et Xavier de Boucaud et surtout mon père Michel de Boucaud Promotion 1951, y ont fait leurs études avec brio et assiduité, partageant la vie caudéranaise et bordelaise. La mondialisation n’était pas encore en marche.

Je suis rentré moi-même en 1971 en « Onzième », chez Mademoiselle Lacoste au chignon relevé, dans un Petit Collège dirigé alors par le Père Raoult (créateur du mot fétiche de notre Première Communion ARDOR) et par Christian Lassault. J’ai intégré la 6eme en septembre 1976 avec M. Hazera comme professeur principal, pour en sortir en Terminale en 1984 avec une incursion, je ne sais plus pourquoi… à Saint Joseph de Périgueux en classes de Seconde et de Première.

Grand Lebrun avait scandé notre quotidien familial et spirituel : mon Père à l’Apel, Maman « dame-catéchèse », mon frère à la Manécanterie, moi-même servant de messe à la Chapelle le dimanche. Tout ça n’en demeurait pas moins une famille moderne ! Il y avait eu les EB avec Tino, le Ciné-club de M. Chaillat, les séjours au ski à Saint Lary et à l’Alpe d’Huez, les compétitions sportives : handball avec M. Pasturel, escrime avec M. Lambert, rugby et athlétisme… Natation pour mon frère Paul-Eric et ma sœur Anne-Gwénaëlle avec M. Laronde. Tout cela autour de nombreux cousins et de futurs grands amis bordelais.

LE VIDE Puis, plus rien pendant presque 15 ans. Les études à Paris, la vie professionnelle, les séjours à l’étranger, les multiples voyages dont un assez long (6 ans à la voile autour du monde) m’avaient décentré de la marque SMGL. C’est normal, en général il y a soit un trop plein, soit un intérêt qui se dilue face à la densité de la vie qui s’ouvre à soit après le Collège. Souvent on aime retrouver ses congénères de banc d’école après le Bac et ensuite on s’en écarte. Il s’agit du phénomène endémique que nous retrouvons aujourd’hui. Et puis ça revient ! On a envie de savoir, de se retrouver, de respirer l’air si spécial de la propriété de ce M. Lebrun finalement fort peu connu.

TARAAAAA J’ai repris le contact physiquement avec SMGL lorsque je me suis fiancé (sur le tard). J’ai demandé une messe à la chapelle Notre Dame des Grâces (où nous avions tant attendu en rang, tant prié… et tant ri) pour y retrouver ma famille et pour faire connaitre notre belle institution à ma future épouse Nathalie et à sa famille. C’était le Père Dominique Le Gris de La Salle, ami de la famille qui célébrait. Je me suis retrouvé tout d’un coup « collé » face à la Croix que j’avais porté pendant tant de dimanches comme servant de messe, avec un Christ qui me disait : tu t’embarque dans une drôle d’aventure. Attention ça va être costaud, long, parfois pénible, mais tellement bien. Un peu comme le Collège !

BACK TO THE FUTURE Philippe Claret, déjà Président des Anciens me demanda alors si je ne voulais pas rassembler les membres vivant à Paris et en région parisienne. Ils sont nombreux à s’être expatriés. J’ai accepté car j’avais saisi l’importance du poids de nos Anciens. Je voyais les « éléphants » disparaitre (les Doutreloux, les Lawton, les Portbail… et tant d’autres), je voyais nos Religieux s’éteindre, je voyais nos Professeurs et nos Encadrants se retirer. Je me suis dit qu’il fallait perpétuer la mémoire de toutes ces personnalités qui avaient marqué Grand Lebrun ainsi que l’esprit qui s’y était empreint. En aparté, Stéphane Marly, aujourd’hui disparu a remarquablement gratté le passé pour rassembler, identifier, scanner et publier ces centaines de photos qui constituent notre mémoire commune.

PREMIERE Nous avons organisé un dîner chez Thoumieux rue Saint Dominique (qui n’avait pas encore été défiguré par les frères Costes) et avons rempli tout le premier étage autour du Frère Moulin, alors Provincial des Marianistes. Le Père Vial, venu du noviciat d’Art sur Meurthe était présent avec un humour et un sourire que je ne lui soupçonnais pas… Il était tout petit… Il m’avait semblé si grand du haut de l’estrade, à chaque remise du bulletin trimestriel. Les Anciens étaient venus par fratries. Je me souviens des frères Clément-Bollée, des frères Saint-Louvent, parmi tant d’autres. Curieusement je n’y retrouvais guerre ceux de ma génération. La marque Anciens n’avait pas encore fait tilt. Il faut du temps.

LA SUITE Il y eut des rencontres, je l’avoue irrégulières mais chaleureuses, toutes précédées d’une messe présidée par un religieux marianiste. Nous avons organisé des célébrations à l’église Saint Sulpice, à la Chapelle des Petites Sœurs de Jérusalem de la rue Cortambert, à la Chapelle de Madame de Maintenon, au Lycée militaire de Saint-Cyr… avec souvent une bonne table à la clé. Pas toujours très nombreux, nous retrouvions des personnalités comme Christian Duverger, fils du constitutionnaliste Maurice Duverger, le Père Eddy Alexandre, ancien provincial des Marianistes, Loïc Hennekinne, ambassadeur et ancien secrétaire général du Quai d’Orsay avec toujours une bonne poignée d’inconditionnels. La conversation était diserte, le souvenir de SMGL très présent et l’esprit de camaraderie immuable.

LES MARIANISTES Nous avons rassemblé les anciens au printemps 2019 un dîner, précédé d’une messe à la représentation de la Province de France, rue de la Santé en présence de la présidente de la Fondation Marianiste, Véronique Goupil, du Secrétaire général Antoine Hüe, du Frère Charles-Henri Moulin, du Père Jean-Edouard Gatuingt, Vice-provincial qui ont rappelé aux Anciens l’importance de la mission Marianiste dans le monde, autour de Philippe Claret, Président de l’Association des Anciens de Grand Lebrun et de Jean Marc Kusnir directeur de Grand Lebrun. Une nouveauté : les jeunes générations s’étaient déplacées. La nouvelle gouvernance de la Fondation favorisait cette énergie nouvelle, associée à l’envie de produire ensemble.

CONSTAT Alors que la mission de l’enseignement catholique se fait de plus en plus difficile, je me rends compte qu’il est essentiel d’informer et de communiquer sur la mission Marianiste en France et dans le monde, sur la Province de France et d’Afrique et sur la Fondation Marianiste, moteur essentiel du projet éducatif et pédagogique de notre illustre Maison, sans oublier la vie de nos Anciens. Vous êtes tous très friands de vous rencontrer et c’est ce que nous allons provoquer dès que la situation sanitaire le permettra.

ACTION Dans ce contexte de pandémie, nous avons besoin d’être ensemble et solidaires. Bons nombres des jeunes générations souffrent de la précarité de l’emploi, parfois de la difficulté de trouver un stage, dont certains sont cotés au CAC40. Beaucoup d’entre vous produisent certaines actions qui méritent d’être reconnus et soutenus. Laissez vos coordonnées afin que nous vous contactions ! Les réseaux sociaux et la nouvelle « Com » de l’association se feront l’écho de vos évènements et de vos résultats. Si le sens mémoriel fait partie intégrante de l’ADN de l’association des Anciens, un rajeunissement a pris corps et une nouvelle dynamique est en train de germer. Restez à l’écoute, vous allez être surpris !

Philippe de Boucaud

Diner juin 2019 – Paris XIII